
Parler de retraite sans revenir sur la notion de travail est difficile car ce dernier apparaît à la fois comme une contrainte et comme source de tout progrès humain et historique. Le travail forme et éduque, il transforme le monde et civilise; il permet â l’homme de se réaliser et de se définir.
La retraite est un droit mais aussi un devoir. C’est un droit (au repos) qui a été acquis par la revendication ouvrière et c’est un devoir car le législateur oblige le travailleur à quitter son emploi lorsque l’âge légal est atteint. C’est donc un moment prévisible dans la vie de chacun, attendu et espéré par beaucoup et redouté par d’autres. Il est un processus impliquant aussi bien des éléments personnels que collectifs. C’est un événement social auquel chacun réagit avec sa singularité, de façon individuelle. La retraite - voulue ou non- constitue une rupture avec la période de vie active nécessitant réflexion et remise en question dans de nombreux domaines afin de trouver un nouvel éequilibre. Elle se caractérise par un certain nombre de pertes dont il va falloir faire le deuil, plus ou moins facilement et, comme tout processus de deuil, générer stress et angoisse.
Ces pertes touchent toujours des facteurs structurants importants, tels que :
- la perte identitaire comme la reconnaissance sociale ou le sentiment d’utilité;
- la perte du principal lieu de socialisation : perte des collègues, de l’ambiance de travail mais aussi de la hiérarchie ;
- la perte du rythme de vie des 40 dernières années. Certes ce rythme était imposé mais nous n’avons jamais appris à gérer nous-mêmes notre temps et cela n’est pas si simple qu’il y parait,
- et bien évidemment une perte financière, parfois non négligeable.
Heureusement, la retraite apporte également de nombreux gains (temps, disponibilité, possibilité de s’investir dans des activités choisies, etc.) que nous évoquerons par la suite mais ce passage toujours délicat est obligatoire et personne ne peut en faire l’économie.
Cela dit, il faut préciser que la retraite est bien vécue par une majorité de retraités, particulièrement par ceux qui estiment être partis au bon moment et 40 % d’entre eux pensent que le départ à la retraite s’inscrit dans une période plutôt positive de leur vie (source : enquête « Histoire de vie – Construction de l’identité » réalisée par l’INSEE(1) en 2003). Il faut noter également qu’en France aujourd’hui, il n’est pas « politiquement correct » pour un retraité de se plaindre bien que ce sentiment évolue.