
La retraite, c’est la rupture avec la sphère professionnelle qui, pour certains, constituait la principale vie sociale.
Pour se créer un nouveau réseau social, rien de mieux que d’avoir des activités qui vous permettront de rencontrer des gens et de lier des amitiés : s’inscrire dans un club sportif, faire du bénévolat, avoir une activité créatrice de groupe comme le dessin, la peinture, la sculpture, etc. Le mieux est d’avoir commencé ces démarches avant la retraite mais, quoi qu’il en soit, il n’est jamais trop tard. Même si au début, vous n’êtes pas très motivé(e), essayez tout ce qui se présente à vous. Ensuite vous fixerez votre choix sur ce qui revêt pour vous un réel intérêt et qui est porteur de sens.
Pour les personnes récemment divorcées ou veuves, ce nouveau réseau social sera d’autant plus important que le travail constitue souvent une aide. De plus, le décès du conjoint entraine bien souvent un double deuil, celui du disparu et celui des relations de couple avec les autres.
Pour les personnes célibataires, en revanche, le réseau social sur lequel s’appuyer au moment de la retraite existe souvent déjà.
Le couple : Soyez attentifs !
Malgré tous les évènements de leur vie commune, les conjoints ont su maintenir le lien d’alliance et d’entre-aide, ils se sont arrangés avec leur histoire et ont su s’adapter. Les conjoints dégagés des contraintes professionnelles et familiales peuvent enfin prendre le temps de vivre, de se redécouvrir, de profiter de moments d’intimité longtemps espérés et partager des activités communes. Mais la réalité est-elle si idyllique ? Ce qui est sûr c’est qu’à la retraite, le couple va devenir le lieu de tous les échanges, le pôle central de la nouvelle vie à construire. La retraite va placer les conjoints dans un face à face durable où le couple va devoir trouver un nouvel équilibre en réinventant la vie à deux. Il se peut alors qu’il y ait énormément d’attente vis-à-vis du conjoint que ce soit pour vivre une seconde lune de miel ou pour qu’il soit à l’écoute, pour qu’il panse toutes vos blessures et qu’il vous soit complètement dévoué. Lui-même, de son côté, peut aussi être perturbé par les mêmes sentiments contradictoires ou au contraire ne pas comprendre ce que vous êtes en train de vivre parce qu’il n’a pas encore cessé son activité professionnelle.
Le premier conseil que nous pouvons donc donner aux nouveaux retraités c’est de baisser le niveau d’attente et d’idéalisation des nouveaux rapports. La place du conjoint est difficile car il n’est que spectateur de la transition que vit son conjoint et non acteur principal. Il est forcément affecté mais dans un second rôle délicat, ne sachant pas toujours comment réagir. Bien sûr les scénarii seront différents selon que les conjoints prennent leur retraite en même temps ou non.
À la retraite, il est important également de faire des choses ensemble tout en conservant une part d’indépendance pour ses propres loisirs. Il va donc falloir prévoir et négocier les changements à venir pour développer une autonomie mutuelle consentie, trouver le bon équilibre entre les espaces de liberté et les espaces communs. Certains pourront ressentir comme une menace la liberté de l’autre. Trop de proximité donne la sensation de « combler » mais finit par étouffer. Le risque est la dépendance. À l’inverse, trop de distance peut amener un appauvrissement du lien par un manque de partage qui finit par s’interroger sur la raison d’être du couple. Il ne faut pas perdre de vue que dans un couple, il y a trois entités : une entité pour chacun des conjoints et une entité pour le couple lui-même. Il faut donc prendre soin de chacune de ces entités pour satisfaire l’un, l’autre et les deux ensemble.
Des difficultés peuvent aussi survenir dans le couple au moment de la retraite. Le ressentiment jusqu’alors refoulé, mis de côté par l’activité professionnelle, peut apparaitre de manière soudaine et brutale. Certaines douleurs du passé peuvent refaire surface. Le face à face auquel le couple n’est pas toujours préparé, ajouté à la confusion de la nouvelle situation, peut contribuer à raviver certains souvenirs de périodes difficiles et provoquer de l’animosité. Les griefs non réglés, les conflits non résolus peuvent refaire surface et empoisonner la vie du couple. Les conjoints peuvent également se rendre compte au moment de la retraite qu’ils ne regardent plus dans la même direction. On constate d’ailleurs que le nombre de divorces à l’âge de la retraite est en augmentation constante. En 10 ans, il a augmenté d’un tiers chez les plus de 60 ans mais il convient de nuancer ce chiffre car il est proportionnel à l’augmentation du nombre total de divorces. En vérité, ce sont surtout les quinquagénaires qui connaissent la plus forte hausse du nombre de divorces. Il n’y a pas de modèle préétabli de bon fonctionnement dans le couple. La réussite tient avant tout à une bonne communication (mais cette évidence est valable quel que soit l’âge des conjoints), une capacité d’adaptation et une négociation de tous les instants pour s’assurer que l’on regarde toujours dans la même direction et que les désirs de l’un sont compatibles avec les désirs de l’autre afin que la relation puisse rester vivante. Quelquefois, un accompagnement psychologique peut être utile au moment de la retraite afin de permettre à chacun d’exprimer ses manques, ses incompréhensions et ses désirs.
La sexualité :
L’une des grandes préoccupations du couple avec l’avancée en âge, c’est la sexualité. L’important à tout âge, c’est de conserver le désir et le désir n’a pas d’âge. L’impact des normes socioculturelles est important et les comportements ou représentations se modifient selon les générations. Or, les représentations sur la sexualité sont en pleine mutation. La génération des baby-boomers a été pionnière de la liberté sexuelle et il est difficile de définir quels seront les changements. Toutefois, les études mettent en avant que, par rapport à leurs ainés, les seniors ont plus souvent un partenaire avec lequel ils ont des rapports plus fréquents, plus variés et procurant davantage de satisfaction. Avec l’avancée en âge, les caractéristiques de la sexualité et son rythme vont être modifiés : plus lente, moins active mais plus sensuelle. Toutefois, il semblerait que le principe de continuité prévale ici. L’activité sexuelle, même minorée, est proportionnelle à ce qu’elle a été dans la jeunesse. La suspension de l’activité sexuelle, en revanche, conduit souvent à son déclin. La retraite peut donc être le moment de relancer une libido en sommeil. Difficile ici de donner des conseils car chaque couple a son mode de fonctionnement. Essayez tant que possible de créer un environnement sensuel autour de vos ébats amoureux, de rompre avec la routine. Préférez le qualitatif au quantitatif. Organisez des « parenthèses amoureuses ». Etonnez votre partenaire en modifiant votre présentation ou en adoptant de nouveaux comportements. Cet aspect du couple n’est pas à négliger car une vie affective et sexuelle réussie est un facteur d’épanouissement et de santé mentale.
Enfin, un mot sur la solitude qui ne concerne pas que les personnes seules. Les couples aussi peuvent y être confrontés s’ils sont trop repliés sur eux-mêmes et sans relation sociale. La solitude à l’intérieur même du couple peut également être une terrible souffrance si le conjoint ne se sent pas reconnu, apprécié et respecté par l’autre et que le couple ne remplit plus sa fonction affective, sécuritaire et structurante.
La famille :
En tant que « piliers » des générations, les papys- boomers se retrouvent au centre de la famille.
Avec les enfants : c’est un moment où l’on est plus disponible pour se rapprocher d’eux et les aider davantage. La ligne de conduite à tenir est sinueuse et pleine de paradoxes. Le gain de temps peut permettre d’améliorer les relations ou d’en créer de nouvelles en se rapprochant. Dans vos relations avec vos enfants, nous vous conseillons :
- de vous rendre disponible, indispensable et tout à la fois discret ; être là quand ils en ont besoin et disparaitre dès que vous n’êtes plus utile ;
- de garder vos petits-enfants, même très souvent, mais de n’avoir aucune prérogative éducative ;
- de transformer leur habitat en bricolant jusqu’à la sciatique mais de ne jamais s’y introduire sans invitation ;
- si vous le pouvez, de leur prêter ou leur donner de l’argent, mais de ne plus jamais en parler par la suite ;
- d’être le confident des drames conjugaux mais de ne pas prendre partie ni juger.
La liste pourrait s’allonger sans fin pour définir le rôle ambigu où les seniors composent sans cesse une partition sensible pour conserver des liens et une continuité générationnelle.
Avec les petits-enfants, les grands parents voient leur rôle prendre une autre importance au moment de la retraite. À condition que cela soit librement défini et que les limites soient mises pour ne pas subir ce que les enfants pourraient estimer être un « devoir », le temps libre peut permettre de profiter pleinement des petits-enfants, de créer des liens particuliers avec chacun d’eux, de leur dispenser affection, tendresse et surtout disponibilité, ce que les parents pressés ne peuvent parfois donner pleinement, et ce, sans avoir la responsabilité de mener à bien leur éducation. Mais ce rôle de grands-parents ne se limite pas à être une « chaleureuse garderie » (à moins de le vouloir).
Vous êtes les « gardiens » de l’unité familiale ; ce qui prend toute son importance à une époque où de nombreuses familles sont déstructurées. Vous êtes une ouverture sur le passé et les racines de la famille et vous apprenez à vos petits-enfants à savoir se situer dans cette lignée dont vous êtes un maillon et qui se prolonge avec eux.
Certes, vous n’aurez plus un statut social dominant mais avouez que le rôle de grand-père ou grand-mère peut être extrêmement gratifiant.
Avec les parents aussi, les rôles peuvent être amenés à changer. Il n’est pas rare à la retraite de prendre en charge, voire d’héberger, un parent âgé ou malade. Nous vous conseillons une certaine prudence et de ne surtout pas présumer de vos forces. S’occuper d’un parent âgé peut très vite avoir des conséquences néfastes sur votre santé physique et / ou morale. Attention également à ce que les rôles ne s’inversent pas. À aucun moment, vous n’avez l’obligation, même morale, de devenir le parent de votre parent. Plutôt que de vous en occuper à temps plein, il est souvent préférable de demander l’aide de professionnels. L’aide que vous lui apporterez sera d’autant plus efficace si vous-même êtes en bonne santé physique et morale.